QUAND LA BAUDRUCHE SE DEGONFLERA (4)
Une femme iconoclaste à l'Elysée ! Ah ! Quelle extase ! Ah ! Quelle extase ! Pas à la hauteur ? Peut-être... mais... Ah ! Une femme iconoclaste à l'Elysée ! Se prenant le pied dans le tapis à la première réunion internationale un peu sérieuse ? Sans doute... mais ah ! Une femme iconoclaste à l'Elysée ! Ne contrôlant la situation qu'à coups de gueule car la bougresse, sous ses airs de brave fille un peu ingénue, est une autoritaire coriace ? Vraisemblablement... mais ah! Une femme iconoclaste à l'Elysée !
Bertrand, à Paris, au congrès extraordinaire du parti, le 26 novembre, ne se sent plus : "Ce qui était un parcours devient un destin ; que la première présidente de la République s'appelle Royal et qu'elle soit socialiste, c'est un évènement historique." Bigre ! Marie-Ségolène n'a pas été en reste, inscrivant sa candidature dans l'histoire des batailles féministes, "en choisissant une femme vous avez accompli un véritable geste révolutionnaire". Pierre, le Lillois, sous le charme, poétise : "Tu t'avances, avec ton visage de femme, avec tes propositions, ton style inimitable qui séduit." Et tous les orateurs qui se succèdent se croient obligés de parler des "militantes et des militants...".
Ce jour-là, la seule indication précise sur son programme fut d'annoncer que la première loi concernera la lutte contre les violences conjugales qui doivent être "une affaire d'Etat", rien que cela !
Effectivement, à côté de ce souci capital, il est évident que le déficit de l'Etat, le poids de la dette publique, les problèmes soulevés par la désindustrialisation de la France, l'immigration de peuplement, l'insécurité, par exemple, sont des questions tout à fait subalternes qui ne sauraient faire l'objet d'une "première loi" prioritaire. Un élu, fabusien il est vrai, donc fatalement rancunier, dit tout de même du discours de Marie-Ségolène : "elle a fait du catéchisme". Aïe ! Le retour des mauvaises habitudes prises pendant l'enfance sans doute...
Chers Français, cette femme va vous étonner, n'en doutez pas.
Il y a longtemps qu'elle pense et voit loin. Pierre Larrouturou raconte dans son livre Urgence sociale comment en 1994, déjà, dans une réunion de travail entre socialistes sur le chômage, Marie- Ségolène proposa une mesure phare : un RMIste arrêté sur l'autoroute pour cause de voiture équipée de pneus lisses devait pouvoir payer l'amende de 800 francs en deux fois...
En 1998, lors de sa première interview, elle a ces paroles définitives : "Une varicelle, un chagrin d'enfant transcendent les clivages politiques." Ministre de l'Environnement, elle décerne des "poubelles d'or" aux préfets qui se sont distingués dans la gestion des déchets, et déclare vouloir "mener une politique du paysage". Dans ce cadre, elle lance un truc vraiment bath : un concours de photographies pour désigner les paysages à sauvegarder. C'est pas de la démocratie participative ça ?
Ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, elle milite pour la "citoyenneté", instaure "une semaine d'initiatives citoyennes" ; à l'école tout devient "citoyen". C'est qu'à l'occasion elle a des bouffées de chaleur révolutionnaire. N'a-t-elle pas proclamé, il y a peu, vouloir "effrayer les capitalistes", rien de moins ?
Pour sa campagne, elle a des idées marketing géniales, avec la création de produits dérivés, comme des bouteilles étiquetées "Ségolène" (moi j'aurais préféré "Marie-Ségolène", mais tant pis, c'est pas moi qui décide et conseille), ou "des petits noeuds dans les cheveux des enfants" !
Et vous hésiteriez encore, après toutes ces révélations, à confier la direction de la France à une visionnaire d'un si beau calibre ?
Il est vrai qu'il n'y a plus grand chose à diriger dans un pays qui doit quémander la permission de changer un taux de TVA auprès d'une commission de fonctionnaires bruxellois. "Ils" et "elle" le savent bien, même si "ils"et "elle" ne vous le disent pas. C'est bien pour cela que ne compte plus que l'image, le "paysage" politique.
A bientôt pour la suite des aventures de Marie-Ségolène