QUAND LA GIROUETTE S'EPUISERA (2)

Publié le par François-Xavier Gaëtan Gelin

Cependant Nicolas a été prévenu du péril à être catalogué "américain", tendance Bush, filant au pas de course vers son grand destin, la cravate au vent, le portable contre l'oreille et entouré de gardes du corps aux visages fermés derrière des lunettes trop noires.

 

 

Danger ! On se calme.

D'abord Nicolas ne traversera plus dans la cohue les salles de meeting vêtu de chemises de couleur. Non, il arrivera par les coulisses, et arborera des chemises blanches sur lesquelles la transpiration est moins visible. Un candidat qui sue, c'est mauvais signe. Il n'agressera plus cette pauvre Michèle, c'est promis. Il baissera le ton de sa voix au moment des allocutions. Il ne proclamera plus : "Je suis entouré de connards !" pour un malheureux malentendu sur le lieu d'un rendez-vous. Ne plus faire peur surtout. Il cause sur la mondialisation, le 9 novembre dernier. Réaction de son bras droit Brice Hortefeux : "C'est un bon discours, parce qu'il ne faisait pas peur" ! Peu importe le contenu, ce qui compte c'est l'impression laissée, il faut que tu aies le look Sarkoko !

Le 25 novembre, à Versailles, devant les siens, il parle sans notes, sans élever la voix et avec une grande économie de gestes et se propose humblement "de prendre en compte l'histoire, les convictions, la susceptibilité de chacune et de chacun" et d'essayer "le moment venu de faire de toutes ces différences la magie du rassemblement".

Le virage est vraiment pris sur France 2, le 30 novembre, lors de l'émission A vous de juger. Le Nicolas nouveau, lisse, tente d'arriver. Il souhaite incarner à la fois "le changement et la protection" (la rupture-épouvantail s'éloigne, la tranquilité douillette fait des progrès). Il entame le lendemain à Angers une série de "promenades" à l'écoute des préoccupations des Français. Finies les certitudes personnelles toutes faites. Débit et gestes ralentis, il proclame : "Je suis un républicain passionnément modéré."

C'est pas mignon tout ça ?

Son entourage explique combien cette tactique est finaude : "Il était dans une guerre de positionnement ces derniers mois parce qu'il fallait qu'il se batte pour être numéro un. Maintenant, il veut changer de rythme, infiltrer en profondeur les méandres et les contradictions (sic) de la France." Et que dit-il à propos de Marie-Ségolène ? "Je n'aime pas le terme d'adversaire." Touchant...

 

 

Mais c'est devant des milliers de militants, au congrès de l'UMP, le 14 janvier, qu'il se fit sublime. "J'ai changé", affirma-t-il d'emblée. Il était difficile d'en douter : il change souvent. Mais surtout, bien en phase avec une époque où l'expression incontrôlée de la sensibilité chasse victorieusement la capacité à raisonner, il s'est livré, il s'est abaissé devrait-on écrire, à un déshabillage du coeur ; c'était le Sarkoreality show. "Cette part d'humanité, je l'ai enfouie en moi parce que j'ai longtemps pensé que pour être fort il ne fallait pas montrer ses faiblesses. Aujourd'hui j'ai compris que ce sont les faiblesses, les peines, les échecs qui rendent plus fort. Qu'ils sont les compagnons de celui qui veut aller loin... A Tibéhirine (1), j'ai compris ce qu'est la force invincible de l'amour et le sens véritable du mot "tolérance"... Je demande à mes amis qui m'ont accompagné jusqu'ici de me laisser libre d'aller vers les autres, vers celui qui n'a jamais été mon ami, qui n'a jamais appartenu à notre camp." Amen. Mais bien sûr, Nicolas, ils vont sûrement faire cela pour toi...

 

 

 A chasser toujours et encore le naturel, celui-ci ne risque-t-il pas, un jour, de revenir ? Et quand il revient, c'est bien connu, c'est au galop.

 

 

Et puis, il y a la posture politique. C'est bien de paraître de droite lorsque l'on appartient officiellement à une faction nommée ainsi. Mais point trop n'en faut. Cela Nicolas l'a compris depuis plusieurs mois, comme Marie-Ségolène (cf. l'article ROYAL OU SARKOZY, LES MEDIAS ONT CHOISI du 10.10.06). Mais l'on constatera qu'il accélère le processus à la vitesse grand V. Surtout, au-delà des étiquettes classiques, il travaille à plaire à tous. Avec un aplomb stupéfiant, il met ses convictions, toujours exprimées en termes vigoureux, définitifs, à la merci du meilleur vent porteur de l'opinion. Tant est si bien que ses affirmations catégoriques de novembre, amendées en décembre, disparaissent en janvier et reviennent en force, si nécessaire, en février.

Heureusement pour lui, le peuple dit souverain, gavé d'informations, mauvais lecteur, auditeur négligent, en tout cas oublieux des trois quarts de ce que ses millions de cerveaux sont priés d'ingurgiter, reste vite sur la dernière image produite. Mais justement ! Attention à la gaffe, au dérapage, à la contradiction qui sort de l'ordinaire (Marie-Ségolène en sait quelque chose). S'il prend l'envie aux médias d'orchestrer la chose (cf. l'article LE CONDITIONNEMENT MEDIATIQUE), elle peut être mortelle pour une ambition politique trop visible.

(1) A noter que Nicolas ou son nègre ne savent pas, apparemment, qu'il s'agit de TIBHIRINE.

 

(à suivre)

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Dimanche soir, peu avant 20 h, un article est publié sur le site Internet du Monde : un sondage TNS-Sofres, réalisé les 8 et 9 mars pour Le Figaro, RTL et LCI, fait état d'une chute importante du ministre de l'Intérieur au premier tour : il abandonne 4 point à 27% au profit de François Bayrou ( +4,5 à 23%) alors que Ségolène Royal reste stable à 25,5%.<br /> http://non-a-lintox.org/post/2007/03/12/Pourquoi-un-embargo-sur-sondage-ou-Sarkozy-perd-4-points-Bayrou-en-prend-4-alors-que-Royal-est-stable<br /> La commission Machelon, le ministère de l'immigration et de l'identitté populaire... c'est pas bon tout ça.
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