QUAND FRANCOIS ET JEAN-MARIE SONT EN EMBUSCADE (1)
A ma gauche, François, l'extrémiste du centre.
A ma droite, Jean-Marie, l'extrémiste de droite.
Extrémistes ? Assurément l'un comme l'autre récusent que cet adjectif soit accolé à leur nom et à leur programme. Jean-Marie lui-même se qualifie volontiers d'homme du "centre-droit". Et non sans quelques bonnes raisons. Il explique : "Il y a cinquante ans, en 1958, j'appartenais à un parti dirigé par un redoutable terroriste extrémiste qui s'appelait Antoine Pinay... Je défendais les mêmes idées que maintenant. Ce n'est pas moi qui me suis déporté vers l'extrême droite, c'est le corps politique français qui s'est déplacé vers la gauche, la droite suivant la gauche dans ce mouvement."
François comme Jean-Marie se veulent tous deux des candidats "antisystème". Eux aussi sont partisans d'une "rupture". Mais mon Dieu, quel candidat n'est pas, cette année, porteur d'une rupture ? C'est sans doute pour cela qu'un électorat désabusé mais quand même friand d'un changement, sans trop savoir lequel, hésite tant encore à choisir et se passionne pour une élection dont tous les candidats promettent de rompre avec les politiques passées.
Si l'on en croit Valeurs Actuelles, au Parlement européen, François et Jean-Marie entretiennent des relations courtoises. Se saluant, devisant. "Il n'y a pas d'agressivité. Ce sont deux hommes très cultivés, férus d'histoire", selon Hervé Morin, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale.
Mais ils sont concurrents pour la place du troisième homme appelé, peut-être, à devenir le deuxième. Jean-Marie créa cet événement et la surprise en 2002. Peut-il récidiver ? Est-ce au tour de François de réaliser cet exploit, les Français se faisant un plaisir de renouveler la tête d'affiche ?
Rie n'est moins sûr que d'affirmer l'une ou l'autre occurrence. Pas seulement au vu des sondages qui les donnent, aujourd'hui, battus par Nicolas et Marie-Ségolène. Les sondages...
Mais tout simplement parce que, sauf à imaginer qu'un raz de marée électoral surgissant dans les dernières semaines de campagne les porte au sommet le 6 mai prochain et leur assure dans la foulée une majorité parlementaire, les Français, qu'ils peuvent séduire, pressentent après réflexion qu'il est vain de leur donner une chance de figurer au second tour de l'élection. Vain car cette qualification déboucherait sur une impasse. Immédiate dans le cas de Jean-Marie. Retardée mais inéluctable dans le cas de François.
Jean-Marie a changé, disent certains. Le débat a lieu dans les cercles proches de lui. Pour le regretter plus souvent que pour s'en réjouir. En tout cas, l'homme a évolué sur quelques points sous l'influence, dit-on, de sa fille Marine.
Il a mis de l'eau dans son vin sur les questions dites de société : avortement, euthanasie, Pacs, non sans hésitation. Il indique à Famille Chrétienne : "Si le Pacs peut rendre service à quelques personnes... " "Je me pose la question de l'euthanasie. Je n'ai pas de position définitive pour l'instant." Et il voit dans l'islam en banlieue "un bon ciment social". Les relations de Jean-Marie avec les Français musulmans, avec, de manière générale, les immigrés, sont plus complexes maintenant qu'annoncées.
Ceux qui à gauche se réjouissent de la poussée des inscriptions sur les listes électorales en zones "sensibles" pensant que c'est "pur beur" pour Marie-Ségolène dès le premier tour, pressés que seraient ces "jeunes" (et moins jeunes) du 9.3 et d'ailleurs de "faire barrage" à Jean-Marie et d'éviter un nouveau "21 avril", le 22, en seront probablement pour leurs frais. Non seulement certains voteront pour Nicolas, mais d'autres en pincent pour le grand chef du Front.
(à suivre)