QUAND FRANCOIS ET JEAN-MARIE SONT EN EMBUSCADE (3)

Publié le par François-Xavier Gaëtan Gelin

François, comme Jean-Marie, croit dur comme fer qu'il sera l'homme du second tour et tout bonnement le futur président de la République ;  les sondages l'ont dit, les marabouts de Mayotte aussi et lui déclare le 4 mars : "En ce moment, je n'ai pas de doute parce que je vois se former la volonté du peuple français".

Depuis le soufflet a semblé retomber un peu et François n'est pas content du tout, du tout. Pourfendeur des médias qui ne parlaient pas assez de lui il y a cinq mois, devenu depuis leur nouvelle coqueluche, il râle encore après eux qui se permettent de polluer les esprits en publiant des sondages qui indiquent qu'il ne bénéficierait plus que de 17% d'intentions de vote après l'avoir hissé à 24%.

 

 

C'est qu'il pensait avoir trouvé le "créneau magique", François. Et non sans quelque crédibilité. Non seulement les Français sont dubitatifs et hésitants devant le spectacle offert par le duo Marie-Ségolène-Nicolas, représentation théâtrale un peu longuette et dont le niveau intellectuel s'élève au fur et à mesure que l'on s'approche de l'échéance, mais ils rêvent d'un dépassement du clivage gauche-droite. Cela n'est pas nouveau. Je le signalais déjà dans LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE ET LE PRINCIPE DE PETER (article du 24.10.06).

Le 16 mars, 20 minutes publiait une enquête selon laquelle à la question : Pour résoudre les problèmes de la France préférez-vous un gouvernement d'union composé de personnalités de bords politiques différents et rassemblés autour d'un projet commun ? 65% des sondés répondait : "Oui."

Seulement voilà, pour quel projet ?

François veut s'emparer du pouvoir sur cette base, mais pour quoi faire et avec qui ? 

Il affirme lui-même n'avoir pas de programme. Avec ces diables de Français, c'est une sage précaution ! C'est qu'il ne faut fâcher personne lorsque l'on veut rassembler tout le monde. Modestie ou vantardise toutes deux déplacées, au demeurant. Ce garçon a un livre de recettes, de fait à faible pagination, une pincée de mesurettes de gauche, une pincée de mesurettes de droite, sans trop s'inquiéter des télescopages, mais il a surtout une obsession : exister en dehors des clivages traditionnels. Est-ce, en soi, une vision de notre avenir ?

 

 

François oublie que la démocratie représentative c'est toujours, in fine, l'affrontement de deux camps. Il se voit "ailleurs" comme feu Michel Jobert, mais il finira nulle part, peut-être accompagné de quelques hommes et femmes de "bonne volonté", détachés d'un bloc et d'un autre comme il s'en trouve toujours. Et après ?

Alors que son électorat solide est de droite et son électorat liquide plutôt de gauche, que fera-t-il, que dira-t-il, si battu au premier tour, il doit se prononcer devant le duel prévisible de Marie-Ségolène et de Nicolas ?

Elu contre l'une ou l'autre, il aura l'une ou l'autre contre lui aux élections législatives. Pour élire quelle assemblée, avec quelle majorité ?

Sur ce terrain François pratique la méthode Coué ; ainsi dans les Echos : "Je n'imagine pas que les Français, après avoir élu un président de la République sur un schéma aussi novateur que celui que je propose, puissent se déjuger en cinq semaines." Français, vous êtes priés d'être cohérents. François y tient.

Je la vois d'ici l'instabilité politique, et je les vois défiler d'ici les déçus du Bayrouisme ! 

François se prend peut-être pour Valéry 74, mais c'est à Jean 65 qu'il faut le comparer. Et l'on sait comment a fini l'aventure solitaire de Lecanuet.

 

 

En République française démocratique, machine à diviser, à exacerber les passions partisanes d'un peuple resté gaulois et querelleur que l'on s'en délecte ou que l'on s'en dégoûte, c'est une erreur de fond que de croire que le pouvoir se conquiert autrement que sur la base d'un affrontement d'antagonismes.

Qu'arrivé au pouvoir l'homme d'un clan s'efforce de s'attirer les bonnes grâces de ceux qui ne l'ont pas élu, pour durer, que plus sûrement encore, il soit amené à amender un programme de promesses intenables, concédées à ses chauds supporters et aux gardiens du temple de son parti, et donc à se "recentrer", c'est un fait abondamment prouvé par l'expérience.

Mais le "centre" n'est pas une catégorie de la philosophie politique. C'est tout juste, pour un temps, et en fonction des sujets, une posture gouvernementale.

François devrait méditer ceci (que j'attribue, de mémoire, à Pierre Boutang) : "Entre Marx et Maurras il n'y a rien, c'est-à-dire qu'il y a le centre."

Dans une certaine mesure d'ailleurs, aujourd'hui, les marxistes et les maurrassiens ayant presque tous disparus du paysage des partis, il n'existe plus guère en politique qu'un "rien", qu'un centre universel, un centre de droite et un centre de gauche.

C'est la raison ultime, au bout du compte, pour laquelle le positionnement de François n'est qu'une illusion exotique.

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R
Je ne crois pas avoir lu de la part de François-Xavier Gelin que Sarkozy et Royal avaient un projet crédible...<br /> En revanche, je suis d'accord avec vous Michel, comme vous semblez être d'accord avec l'auteur de ce blog : cette élection est une pitrerie !<br /> Et le crash se prépare peu à peu...
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M
Bonsoir,votre réflexion est intéressante, riche et documentée, mais son sens repose sur une hypothèse initiale que je trouve discutable : Sarkozy et/ou Royal auraient des projets crédibles susceptibles de réussir. Je crains pour Sarkozy qu\\\'il ne puisse rassembler, il a depuis cinq ans accumulé suffisamment d\\\'animosités pour être assuré d\\\'une energie contraire fortement mobilisée, et son projet est très ambitieux. J\\\'ai bien du mal à percevoir le sens et la logique du projet de Royal, je n\\\'y sens pas la moelle qui nous ferait dépasser nos complexes nationaux.Dès lors, on peut reconstruire un raisonnement partant de l\\\'idée qu\\\'aucun des quatre candidats n\\\'est à même de relancer le pays. Et imaginer qu\\\'il nous faut choisir non pas notre leader de relance, mais le pilote de l\\\'avion pour le crash à venir. Ceci rebat sensiblement les cartes de la pertinence du choix à faire.Entre l\\\'octogénaire, l\\\'as du looping, l\\\'homme qui parle à l\\\'oreille des chevaux et la madonne tricolore, faites votre choix !
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F
Ah, non, pas du tout. Dans mon esprit ce n'est pas cette hypothèse qui condamne l'aventure de François Bayrou. Lisez plus bas les articles consacrés à La GIROUETTE  et à  la BAUDRUCHE. Cordialement, <br /> FXGG