POST-SCRIPTUM

Publié le par François-Xavier Gaëtan Gelin

Le sort en est jeté. Nicolas Sarkozy présidera aux destinées incertaines de la France. Grand bien cela fasse à cette dernière.

La longue cohorte des déçus du sarkozysme, dont on espère qu'il n'est pas un simple sarkocynisme, je la vois déjà qui s'avance. C'est une fatalité. On ne peut pas avoir à peu près tout promis et son contraire, valorisé toutes sortes de postures et celles qui les contredisaient, affirmé toutes sortes de principes de droite et s'être défendu d'en être, avec un culot monstre et, il faut le reconnaître du point de vue de l'observation expérimentale du phénomène, avec un talent fou, sans engendrer, avec des malentendus, beaucoup de futures frustrations. Ne serait-ce que les ralliements très récents, étranges et suspects, de personnalités de la gauche-caviar (double épaisseur), ils devraient logiquement mettre la puce à l'oreille du pauvre militant de droite et de base, qui ne jure que par sa nouvelle idole. 

Evidemment, selon les canons de cette pathétique rhétorique républicaine, Nicolas Sarkozy s'est empressé de proclamer qu'il était le président de tous les Français, après avoir été acteur et complice de tout ce qui a contribué à dresser une France contre l'autre.

 

 

Lecteur, je ne vous cache pas que je ne suis pas fâché que cette période électorale s'achève. J'ai trouvé naturel de me laisser aller à consacrer mon blog ces dernières semaines presqu'exclusivement au commentaire des événements politiques qui allaient monopoliser l'attention.

Je l'ai fait avec un certain plaisir carnassier grandissant, porté par le pamphlétaire qui est en moi en tâchant toutefois de ne pas perdre de vue la nécessité de l'analyse froide, et plaisir qui a pu être partagé avec certains d'entre vous. Il faut dire que les acteurs de cette tragi-comédie nous y ont grandement aidés et incités. Mais j'avoue aussi avoir ressenti que je m'accordais une jouissance quelque peu malsaine. Se moquer des mauvais acteurs d'une pitoyable pièce de théâtre finit, au fil du temps, par vous écoeurer.

 

 

Je regrette que la pratique de la  politique soit tombée à un niveau aussi bas. Comme les hommes (et les femmes) qui se targuent d'en faire, nous sommes nous aussi devenus désabusés, calculateurs, cyniques, irrespectueux. Il s'agit pourtant de désigner le Souverain. 

Si le président est nu, c'est qu'il a bien voulu se déshabiller. C'est plus encore parce que le régime démocratique au fil de dizaines d'années, a suivi sa pente naturelle qui est une pente descendante.

 

 

Tout ne fut pas glorieux sous les premières républiques mais il existait encore des élites et des chefs d'exception, d'ailleurs mieux sélectionnés par de grands bouleversements que par de petites urnes. Le capital d'intelligence, de sens du bien commun, de l'intérêt de la nation, de la dignité de l'Etat, accumulé par des siècles de grandeur, a été peu à peu dilapidé comme une énergie non renouvelable. Il est aujourd'hui épuisé. Ce ne sont plus des hommes et des femmes dignes du rang qu'ils convoitent qui sont portés au pouvoir, mais de vulgaires produits du marketing politique ; et comment pourrait-il en être autrement, à l'heure du triomphe de la marchandise ?

 

 

Et pourtant... ll y a une certaine sagesse, une vraie vertu à respecter le Souverain. Non pour ce qu'il est à titre personnel, mais pour la fonction qu'il occupe. Car ce n'est pas tant le politique qui est en cause que le système qui l'a créé.

Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen et quelques autres, selon leurs talents propres, auraient leur place dans le même gouvernement de la France, avant tout soucieux du devenir de celle-ci, mais à la condition impérative qu'ils soient soumis à une autorité indépendante de leurs partis.

C'est le système qui tue l'institution.

 

 

Le dernier service à rendre, raisonnablement, à son pays, le rideau tombé, est de craindre, en ne respectant pas le titulaire, de mépriser la charge.

Cette dernière a un nom, provisoire sans doute à l'échelle de l'histoire de France, président d'une République qui en est à la cinquième version du genre, preuve, s'il en fallait, des errements de ce régime rêvé.

Il paraît que les ouvriers chiliens sous Allende, défilèrent un jour sous une banderole sur laquelle on pouvait lire : "Ce gouvernement est un gouvernement de merde, mais c'est le nôtre." Ce peuple de gauche-là ne devait pas fréquenter les églises selon toute vraisemblance. Les chrétiens, plus poliment, pourront toujours méditer l'exhortation de Saint Pierre dans sa première lettre aux disciples : "Soyez soumis, par respect du Seigneur, à toute autorité humaine : au chef d'Etat qui détient le pouvoir... Respectez le souverain."

 

Le temps que la terre durera, ce n'est pas la République et la démocratie qui sont éternelles, c'est la France, pour autant qu'il y ait toujours assez de Français, qu'ils croient au ciel ou qu'ils n'y croient pas, qu'ils aient une "sensibilité" de gauche ou une "sensibilité" de droite, pour l'aimer et la défendre. 

Publié dans Autres chroniques

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P
Oui ! merci. Belle fin.- à condition que ces Français en question continuent d'exister ! ...continuent d'aimer leur France, et tâchent de la faire aimer..
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L
Bravo
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