DES FAITS, DE LA COMPLEXITE DU REEL, DES VERITES SIMPLES ET DES IDEES SIMPLISTES

Publié le par François-Xavier Gaëtan Gelin

J'ai déjà eu l'occasion d'aborder les questions que soulèvent les mots qui sont alignés dans le titre de cette chronique. Notamment avec les articles : LA VERITE, VERITE ET VALEURS. 
A dire vrai, de quelque manière, elles sont présentes dans tous mes textes.
S'il est vraisemblable qu'un romancier écrit toujours le même roman en plusieurs livres (n'est-ce pas, MM D'Ormesson et Modiano ?), tant il est vrai que tout homme n'est véritablement obsédé sa vie durant que par deux ou trois interrogations majeures, il se pourrait que cela soit le cas de tous ceux qui prennent une plume.
Ici en tout cas, dans le cadre de ce blog, je poursuis une quête qui est, fort immodestement, de rechercher la Vérité en toutes choses, à la lumière de la raison.


Pour rechercher la Vérité, il faut toujours et d'abord partir des faits et revenir aux faits. O faits, combien il est capital que vous soyez respectés ! Et comme vous l'êtes si peu par beaucoup de manipulateurs. C'est que ces derniers sentent le danger : un fait est, en soi, déjà, une vérité première et un guide vers une vérité seconde, plus cachée, qu'il faut aller découvrir, en raisonnant, en raisonnant à partir de lui.

Alors, quand le fait dénonce l'idée simpliste à laquelle tiennent les faux-raisonneurs, que font-ils ? Ils le cachent, le défigurent, ils en inventent un autre qui prend sa place. Mais les faits laissent des traces, dans les mémoires, dans les archives, dans la vie.

Pendant des décennies l'on put faire croire que le massacre de Katyn, celui de 22.000 officiers polonais, était le fait des allemands (on ne prête qu'aux riches). Mais en 1990 il fut officiellement reconnu par Gorbatchev qu'en mars 1940 Staline avait donné l'ordre de fusiller ces soldats.

Il est un fait, incontestable, que John Kennedy, président des Etats-Unis, a été assassiné à Dallas le 22 novembre 1963. Mais par qui ? Par le seul Lee Harvey Oswald, comme le prétendit la thèse officielle du rapport Warren ? Peut-être ne saurons-nous jamais pourquoi cet homme politique a été tué, parce que nous ne saurons jamais comment ce meurtre a été commis. Mais tout porte à croire que lors de l'enquête l'on a dissimulé des faits.


Mais les faits ne sont pas seulement des événements précis, datés, ayant un début et une fin. Ce sont aussi des constantes de l'histoire, de la sociologie, de l'économie, du comportement humain.
Les nier mène aux pires erreurs, à la terreur. C'est que les faits sont têtus. L'homme fait ainsi régulièrement le pari de s'affranchir de certaines lois et il le paye rudement.
Il "libère" sa sexualité et se retrouve atteint du sida, comme autrefois de la syphilis. Il s'en étonne. C'est un fait que le vagabondage sexuel  est un défi à la bonne santé, même s'il peut apparaître, dans un premier temps, comme un heureux signe de celle-ci. Ce n'est pas là un point de vue moral, ou d'abord moral. L'affirmer c'est énoncer une vérité, que le bon sens, la raison, et tout simplement l'expérience des siècles, permettent amplement de pressentir. Et pourtant...


Sans doute s'agit-il là de vérités trop simples pour des esprits trop forts. Georges Bernanos l'a très bien écrit : "Les vérités simples souffrent de la terrible concurrence que leur font les idées simplistes" (de mémoire).
En matière de sexualité, les esprits forts s'en vont répétant que la progression du sida sera efficacement combattu par le préservatif. Idée simpliste. La vérité simple c'est que cela ne marche pas pour au moins trois bonnes raisons : l'étanchéité de l'objet, qui n'est pas garantie, l'accident d'utilisation, la non-utilisation pour des motifs divers.
Pourquoi s'accrochent-ils à ce slogan, quoiqu'il arrive : "Tu peux coucher avec le (la) premier (ère) venu (e), sans risques, si tu te protèges" ? Parce qu'il ne faut pas remettre en cause le dogme de la "libération sexuelle", l'idéologie du combat contre les "tabous". Des gens en meurent ? Peu importe ! Surtout ne pas revenir à la réalité. Elle a le défaut majeur d'être "réactionnaire".
Devant la progression du sida, au sein de milieux bien prévenus pourtant, les esprits forts se lamentent : "'Ils' sont imprudents, "on" ne fait pas assez d'information, de propagande", et concluent toujours : " Intensifions les campagnes d'incitation à la consommation des corps". Ils ne se posent jamais la question du retour au bon sens : l'usage de la chasteté et de la fidélité.


Sans doute les vérités simples aiment à se cacher. Une vérité simple ce n'est pas une vérité qui exclut sa recherche et la nuance de son expression. Il y a, dans bien des cas, une "complexité du réel". Cette complexité du réel, il faut aussi l'accepter. 
En matière historique, c'est flagrant. Henri Amouroux, auteur d'une oeuvre considérable sur la période 1939-1945 en France, aimait à disserter et à insister sur ce thème de la complexité. Les esprits simplistes aiment à affirmer, par exemple, que le régime de Vichy fut tout entier à la botte de l'occupant. Henri Amouroux, à leur grand dam, sous les critiques, s'est attaché à montrer que les choses étaient moins évidentes que cela. Il a dérangé, en cherchant, tout simplement, la vérité. Juger du Moyen-Age ou de toute autre période avec nos critères actuels d'appréciation est aussi absurde. 


Beaucoup vivent sur des idées toutes faites sur bien des sujets. Souvent il suffit de raisonner, de prendre le temps de penser, à partir des faits, pour comprendre le réel. Mais qui prend encore ce temps, abrutis que nous sommes par le rythme de la "civilisation" moderne, par le conditionnement médiatique, par la dictature de la "démocratie d'opinion" ?

 

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G
"Pour rechercher la Vérité, il faut toujours et d'abord partir des faits et revenir aux faits. O faits, combien il est capital que vous soyez respectés ! Et comme vous l'êtes si peu ..."Très bien observé ! Déjà Chesterton observait avec humour à propos des arguments des "septiques" contre le christianisme : "Dans tous ces cas, je suis arrivé à la même conclusion : le sceptique avait raison d’aller aux faits, cependant, il n’avait pas regardé les faits ! Le sceptique est trop crédule : il vit dans les journaux ou même dans les encyclopédies. "Deux textes complémentaires assez intéressants sur l sujet : - http://vitamivero.free.fr/spip/spip.php?article1032- http://vitamivero.free.fr/spip/spip.php?article1033Cordialement.
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F
Certes ! Cependant, les faits sont aussi relatés dans les journaux, même s'il faut se méfier. (il faut  lire beaucoup de journaux)
P
Votre article sur la vérité est bien senti.J'apprécie vos exemples.Pourquoi ne pas aller au bout de votre réflexion sur Vichy et la période 39/45?AMOUROUX savait la vérité, mais, adulé, honoré par de multiples titres, membre de nombreux Instituts, il ne pouvait la livrer. La pensée unique, officielle, le "tenait". Il me l'a dit, et nous devions, en Septembre dernier, nous rencontrer pour mettre au point la publication d'un livre à partir du parcours du Général Héring, acteur incontesté de cette période, respecté à la fois e PETAIN et de GAULLE.J'aurais aimé que que vous ne vous arrêtiez pas en chemin chaque fois que vous soulevez "une demi vérité", pour aller au bout des faits, vis-à-vis des jeunes...qui sont trompés par la pensée officielle.Bien à vous
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F
Monsieur, Je comprends votre "frustration". Vichy est un sujet en soi qui mériterait, au moins, autant d'articles que l'islam ! Je ne peux pas et ne veux pas, dans le cadre d'une chronique donnée (dont le sujet indiqué par le titre est souvent, déjà, très vaste) faire trop de développements à partir d'exemples au service de la démonstration, car ces exemples seraient eux-mêmes de vrais sujets à traiter. Un article doit rester de taille "comestible". Je suis moi-même parfois embêté de "résumer", tant on voudrait être plus complet, plus didactique. En l'occurence je voulais seulement illustrer le thème de la complexité du réel par  l'exemple, fort, du traitement historique de Vichy.Bien cordialement